La plupart des gens serait d’accord pour dire que les ingénieurs et l’ingénierie en général (terme utilisé pour regrouper l’application de principes et de techniques scientifiques) sont responsables de créer des choses fonctionnelles.
Pour arriver à un tel résultat, il est impératif que l’ingénierie ait de multiples dimensions. La plus évidente est la conception physique et les tâches de calcul et d’analyse effectuées pour appuyer cette conception (ex : concevoir un pont ou développer un logiciel).
Cependant, au-delà de la dimension physique de la conception (ou design comme l’est le dessin de la structure du pont), il existe d’autres dimensions importantes en termes d’argent, de temps et d’autres ressources qui seront investies dans la création de l’actif attendu.
Nous désignerons ces investissements collectivement comme des coûts. En utilisant l’exemple ci-dessus, quelqu’un doit estimer le coût du pont, déterminer les activités nécessaires pour le concevoir et le construire, estimer la durée de ces activités, etc.
Puis, un autre acteur doit surveiller et évaluer l’avancement de la conception et de la construction du pont (en ce qui concerne les dépenses financières et le temps consommé) pour s’assurer que le pont terminé répondra aux exigences du Client et des utilisateurs.
Enfin, quelqu’un d’autre doit également évaluer puis surveiller le coût d’exploitation et d’entretien du pont pendant tout son cycle de vie.
Qu’est-ce que l’International Cost Engineering Council (ICEC) ?
L’ICEC (note 1) est une organisation non gouvernementale reconnue par le Conseil économique et social des Nations Unies, apolitique est sans but lucratif. Son objectif est de promouvoir la coopération entre les organismes d’ingénierie des coûts, d’étude quantitative et de gestion de projets.
L’ICEC édite un inventaire des meilleures pratiques et des normes. Renseigné depuis de nombreux, cette base de données est une liste des meilleures pratiques et des normes qui ont été développées pour la gestion des coûts d’un projet. Cela comprend les documents élaborés par les associations membres de l’ICEC ainsi que des normes indépendantes préparées par d’autres organisations. En tant que membres, on peut citer à titre d’exemples l’International Organisation de normalisation (ISO), l’Organisation internationale de gestion de projets (IPMA) et la Commission électrotechnique internationale (CEI).
L’AACE (lire ci-après) est aussi membre de l’ICEC, dont l’OPQTECC est également membre.
Qu’est-ce que l’American Association of Cost Engineers (AACE) ?
La gestion globale des coûts, c’est en cela qu’AACE International (Association for the Advancement of Cost Engineering – note 2) aide les gestionnaires de projets. C’est une organisation établie depuis bientôt 70 ans et respectée dans le domaine de la gestion des coûts.
Elle accompagne les professionnels qui s’occupent des divers aspects de la gestion d’un projet, particulièrement ceux qui ont en charge l’estimation des coûts et leur contrôle mais aussi la planification et l’établissement du calendrier d’étude et d’exécution.
L’AACE est un organisme international à but non lucratif qui se concentre sur l’avancement des connaissances et des pratiques en matière de coûts. Fondé en 1956, il contribue depuis au développement des pratiques d’ingénierie qui sont appli-quées aux coûts. Pour permettre cela, il :
- élabore et publie des directives techniques et recommande des pratiques,
- offre des certifications professionnelles pour valider l’expertise en ingénierie des coûts,
- fournit des ressources éducatives, y compris des conférences, des séminaires et des publications,
- et fait la promotion du cadre de gestion des coûts totaux.
Les compétences et les connaissances requises pour faire face aux coûts (ex : estimation économique, planification et établissement du calendrier) sont très différentes de celles requises pour faire face à la dimension de conception physique.
De cette différence est né le domaine de l’ingénierie des coûts. Les praticiens de l’ingénierie des coûts travaillent aux côtés d’ingénieurs, d’analystes de logiciels, de producteurs de jeux, d’architectes et d’autres domaines, mais ils n’ont pas nécessairement la même expérience que les créateurs. Qu’ils aient des antécédents techniques, opérationnels, financiers et comptables ou autres, les praticiens de l’ingénierie des coûts doivent partager une compréhension commune, fondée sur des « principes et des techniques scientifiques », avec les fonctions d’ingénierie ou d’autres carrières créatives.
Qu’est-ce que l’ingénierie des coûts et le TCM ?
Le règlement de l’AACE définit l’ingénierie des coûts et la gestion des coûts totaux comme suit :
1 – Ingénierie : L’Association se consacre à la promotion des concepts de gestion des coûts totaux et à l’ingénierie qui leur est associée. La projection des coûts est l’appli-cation efficace de l’expertise professionnelle et technique pour planifier et contrôler les ressources, les coûts directs et indirects, la rentabilité et le risque global. En termes simples, il s’agit d’une approche systématique de la gestion du coût tout au long du cycle de vie de toute entreprise, programme, installation, projet, produit ou service. Elle agit par l’application de principes d’ingénierie des coûts et de gestion desdits coûts, des méthodologies éprouvées et des dernières technologies à l’appui du processus de gestion.
2 – Gestion : La gestion des coûts totaux est le domaine où le jugement et l’expérience sont utilisées dans l’application des principes d’ingénierie et l’utilisation des techniques scientifiques aux problèmes de l’entreprise et à leur planification. Ceci concerne la programmation, l’estimation des coûts, l’analyse économique et financière, l’ingénierie du coût global d’usage, la planification et l’ordonnancement des tâches, la mesure du rendement en matière de coûts et le contrôle des changements et adaptations.
En résumé, la liste des domaines abordés en amont (section 1) est collectivement appelée ingénierie des coûts alors que le processus et la manière dont ces pratiques sont appliquées en aval (section 2) est appelée gestion des coûts totaux ou TCM (pour Total Cost Management).
Compétences et connaissances en matière de gestion des coûts
Le diagramme ci-après regroupe sous ce titre :
- comment soutenir les compétences et les connaissances,
- les processus et compétences fonctionnelles et connaissances utiles.
Le rôle du Cost Manager
Le rôle du Cost Manager (CM), pour gestionnaire des coûts, est crucial dans la maîtrise financière d’un projet. C’est particulièrement vrai dans les secteurs de la construction et de l’ingénierie immobilière. Ses principales composantes sont :
- Planification et estimation des coûts :
Le CM élabore des estimations budgétaires précises dès la phase initiale du projet. Il estime et analyse tous les coûts potentiels, les risques et les incertitudes pour établir un budget réaliste.
- Suivi et contrôle des coûts :
Il assure un suivi rigoureux des dépenses tout au long du projet en comparant les coûts réels en regard de l’avancement aux coûts prévus. Il identifie les écarts et propose des mesures correctives.
- Gestion des contrats :
Il participe à la rédaction et à la négociation des contrats avec les fournisseurs et les sous-traitants et veille au respect des clauses contractuelles tout en gèrant les éventuelles modifications.
- Analyse et reporting :
Le CM produit des rapports réguliers sur l’état des coûts du projet et analyse les données financières pour identifier les tendances, les risques et les opportunités d’optimisation.
- Optimisation des coûts :
Il recherche systématiquement des solutions pour contenir les coûts sans compromettre la qualité du projet. En ce sens, il propose des alternatives, négocie les prix des avenants et optimise les processus.
- Gestion des risques :
Il identifie, évalue et gère les risques économico-financiers liés au projet.
Il met en place des plans de contingence pour faire face aux imprévus.
En résumé, le CM est le garant de la maîtrise financière du projet. Il joue un rôle essentiel dans la prévention des dépassements budgétaires, l’optimisation des ressources, le respect du calendrier et la rentabilité du projet.
Pour assurer pleinement ce rôle, il est préférable qu’il soit certifié.
Les Programmes de certification
L’AACE gère actuellement huit programmes de certification (note 3). Tous les candidats doivent accepter de se conformer aux canons d’éthique et passer un examen. La plupart exigent une expérience préalable dans l’industrie ou le bâtiment, et impliquent également une recertification par la formation continue ou un nouvel examen.
- Technicien en coûts agréé (certification de niveau d’entrée qui ne peut pas être renouvelée),
- Technicien en planification certifié (niveau débutant),
- Expert certifié en coûts (qui nécessite également une soumission de document technique),
- Expert en estimation certifié,
- Expert-conseil en sinistre judiciaire agréé (qui impose des exigences supplé-mentaires, y compris la présentation d’une publication),
- Professionnel de la gestion des décisions et des risques,
- Professionnel de la valeur ajoutée,
- Professionnel de la planification et du calendrier.
Publications
AACE International est l’éditeur de :
- Cost Engineering, une revue technique bimensuelle,
- Skills and Knowledge of Cost Engineering (actuellement dans sa 6ème édition),
- Source magazine (un magazine bimestriel),
- 20 différents guides de pratique professionnelle internationaux labellisés AACE,
- environ 120 pratiques recommandées et,
- sa publication la plus complète, la seconde édition du cadre de gestion des coûts totaux pour une approche intégrée de la gestion du portefeuille, des programmes et des projets (note 4).
- Note 1 : ICEC
- Note 2 : AACEI
- Note 3 : section française > AACE France
- Note 4 : TCM Framework
