Comprendre les rôles de l’architecte et ceux de l’assistant au maître d’ouvrage (AMO) est essentiel pour qu’un donneur d’ordres, tant public que privé, choisisse le meilleur partenaire pour mener à bien un projet immobilier de construction ou de rénovation. Ces deux professions jouent des rôles complémentaires, mais distincts, dans le processus de réalisation d’un ouvrage ou d’un bâtiment.
L’architecte ou le créateur. Lequel assure :
- La conception et le design : en tant que concepteur principal du projet, il est responsable de la création des plans, depuis l’esquisse initiale jusqu’aux détails constructifs. Il porte aussi la responsabilité des étapes avant et pendant l’instruction du permis de construire.
- L’expression artistique et multitechnique : il doit allier son sens de l’esthétique à ses connaissances techniques pour donner vie au projet tout en respectant les règles d’urbanisme et les normes en vigueur.
- La relation continue avec le maître d’ouvrage : avec qui il travaille en étroite collaboration pour traduire ses besoins en une réalité architecturale sensée satisfaire des besoins précis.
L’Assistant au Maître d’Ouvrage (AMO) est son conseiller et, en ce sens, agit en tant que coordinateur du projet, en lui apportant :
- Conseils et assistance : L’AMO est un expert qui accompagne le maître d’ouvrage tout au long du projet. Il l’aide à définir ses besoins, à établir un cahier des charges précis et à prendre les bonnes décisions à chaque fois qu’arbitrer est nécessaire.
- Coordination : Il assure la coordination entre les différents intervenants du projet : architecte(s), bureaux d’études, entreprises, administrations, etc. … et peut veiller au respect du budget et des délais convenus.
- Expertises techniques et juridiques : Il possède une solide connaissance des réglementations applicables et des normes en vigueur. Il peut ainsi apporter son expertise technique et juridique pour garantir la qualité du projet et sa solidité contractuelle.
S’il doit choisir entre un architecte et un AMO, il est important que le donneur d’ordre prenne en compte la complexité du projet et ses besoins spécifiques en tant que de maître d’ouvrage.
Les réglementations et les normes à respecter dans le secteur de la construction ne cessent de croître d’année en année. Tant européennes que nationales, il est devenu particulièrement complexe pour un maître d’ouvrage de gérer seul toutes ces responsabilités et les tâches chronophages y afférant qui impactent son projet.
Si celui-ci est particulièrement complexe dans un calendrier tenu, pour faire face à cette problématique, le maître d’ouvrage peut avoir recours à l’AMO.
Listons ci-après tout ce qu’il faut savoir sur ledit AMO, depuis ses missions aux responsabilités confiées, en passant par les avantages induits pour le maître d’ouvrage d’être ainsi conseillé et assisté.
Qu’est-ce que l’assistance à maîtrise d’ouvrage ?

L’AMO est une discipline encore relativement récente du secteur de la construction, elle n’a qu’une petite cinquantaine d’années en Europe.
Celle-ci consiste à conseiller et à accompagner le maître d’ouvrage, privé ou public, d’un projet de construction neuve, de rénovation ou d’extension.
Ses recommandations et ses conseils fournis peuvent être d’ordre technique, financier, environnemental, administratif ou encore juridique.
L’AMO est un professionnel de la construction, indépendant de la maîtrise d’œuvre qui exécute l’ouvrage. Il est chargé de seconder et d’assister le maître d’ouvrage.
Véritable expert en gestion de projet et dans divers domaines de la construction ou de la rénovation, il assure le bon déroulement du chantier et le respect des exigences du maître d’ouvrage et des réglementations applicables au projet.
Existe-t-il un texte légal de référence sur l’assistance à maîtrise d’ouvrage ?
En matière de commande publique, il existe des textes de référence sur l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO).
Ce domaine est encadré par plusieurs textes législatifs et réglementaires, notamment :
- Le Code de la commande publique : c’est le texte principal qui régit les marchés publics, dont font partie les marchés d’AMO dans ce cadre. Il définit notamment les modalités de passation, d’exécution et de contrôle de ce type de marché.
- La loi MOP (Maîtrise d’Ouvrage Publique) : La loi N° 85-704 du 12 juillet 1985, bien qu’elle ait été en partie abrogée, reste une référence importante pour comprendre les relations entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre. Elle contient des dispositions générales sur l’assistance à la maîtrise d’ouvrage et les missions qui peuvent lui être confiées.
Le maître d’ouvrage reste toujours le décideur final
A la différence du mandataire en marché public ou du maître d’ouvrage délégué dans le privé qui agissent au nom et pour le compte du maître d’ouvrage, l’AMO n’a pas vocation à exercer les prérogatives de celui-ci.
L’AMO a un rôle consultatif qu’il exerce en apportant des conseils et des recommandations au maître d’ouvrage, lequel reste systématiquement le décideur final.
Dans la pratique, cependant, de nombreux maîtres d’ouvrage accordent à leur AMO le droit de les représenter auprès du maître d’œuvre et des intervenants sur le chantier, architecte(s) y compris. Il peut ainsi proposer des décisions courantes qui permettent d’assurer le bon déroulement du projet, notamment en phase chantier.
Notez que cela doit être clairement stipulé comme faisant partie des missions de l’AMO dans le contrat de prestation de services signé entre les deux parties. C’est particulièrement important si le Client choisi d’être aussi assisté par un maitre d’ouvrage délégué.
Quelles différences entre la maîtrise d’ouvrage déléguée et l’assistance à maîtrise d’ouvrage ?

La maîtrise d’ouvrage déléguée et l’AMO sont deux activités du secteur de la construction souvent confondues. Il existe cependant plusieurs différences importantes entre celles-ci.
La maîtrise d’ouvrage déléguée consiste à concéder une partie ou l’ensemble des responsabilités du maître d’ouvrage à un représentant. Autrement dit, ce dernier est mandaté pour représenter le maître d’ouvrage et peut accomplir des actes juridiques en son nom. Il a le pouvoir de prendre des décisions importantes, telles que le choix des entrepreneurs, la signature des contrats ou la gestion budgétaire et opérationnelle du projet. En raison des nombreuses responsabilités dont il dispose, le maître d’ouvrage délégué est soumis à l’obligation d’assurance et à la souscription d’une garantie décennale.
En revanche, la mission de l’assistant au maître d’ouvrage n’accorde légalement aucun pouvoir décisionnel à l’AMO.Ce dernier a pour rôle d’assister le maître d’ouvrage dans la réalisation des activités de construction et le pilotage du projet dans son ensemble. Un contrat de prestation de services est conclu entre les deux parties et stipule l’étendue de la mission et des responsabilités de l’AMO.L’AMO peut, s’il le souhaite ou si son Client l’impose, souscrire une assurance en responsabilité civile professionnelle couvrant ses prestations de conseil.
Les missions de l’AMO pendant la phase de conception
Pendant la phase de conception du projet, que le donneur d’ordres ait choisi un architecte ou non, la mission de l’AMO consiste généralement à prédéfinir le projet en regard des besoins exprimés par le maître d’ouvrage.
Pour y parvenir, l’AMO réalise plusieurs missions, comme par exemple :
- rédiger un cahier des charges clair et précis,
- pré-chiffrer le budget prévisionnel,
- conduire une étude d’opportunité,
- rédiger une étude de faisabilité,
- rechercher un terrain qui répond aux exigences du projet,
- évaluer les impacts et les risques du projet,
- accompagner le maître d’ouvrage dans les choix liés au projet, y compris celui de l’architecte qui le présente,
- assister le maître d’ouvrage dans ses démarches auprès des administrations et des voisins du projet,
- etc.
Les missions de l’AMO pendant la phase de construction
L’AMO accompagne également le maître d’ouvrage pendant la phase de construction et réalise diverses sous-missions, comme notamment :
- contrôler la conformité des travaux avec le cahier des charges pendant toute la phase de construction,
- assurer l’avancement des travaux en veillant au respect des délais et du budget,
- assister aux réunions de chantier,
- réaliser la gestion financière du projet,
- gérer d’éventuels conflits sur le chantier,
- réajuster le planning et le budget en fonction de l’avancement des travaux,
- etc.

Les missions de l’AMO après l’achèvement des travaux
Une fois les travaux terminés, l’AMO aide le maître d’ouvrage à procéder à la réception des travaux et à la mise en exploitation du/des bâtiment(s).
En pratique, l’AMO est généralement amené à :
- vérifier la qualité des travaux réalisés,
- s’assurer de leur conformité au cahier des charges,
- accompagner le maitre d’ouvrage pendant la phase de livraison,
- l’assister pendant l’année de parfait achèvement pour faire fonctionner, si besoin est, les garanties contractuelles ou légales,
- l’assister en cas de contentieux,
- le conseiller en matière d’exploitation et de maintenance de l’ouvrage,
- procéder à la clôture du dossier financier,
- etc.
Dans quels cas est-il impérieux d’avoir recours à un AMO ?
Avoir recours à un AMO n’est pas obligatoire, mais c’est fortement recommandé dans certaines situations bien précises, notamment en cas :
- de manque de compétences techniques du maître d’ouvrage,
- d’incapacité du maître d’ouvrage à allouer le temps nécessaire pour piloter le projet,
- de besoin d’expertises spécifiques (réalisation d’études techniques particulières, évaluation des futures performances énergétiques et/ou environnementales, etc.),
- de besoin de faire intervenir un tiers neutre afin de contrôler la maîtrise d’œuvre,
- de complexité importante du projet de construction ou rénovation,
- en résumé, de besoins de compétences techniques, financières ou administratives liées au projet que le maître d’ouvrage ne possède pas ou peu et décide de confier à un conseil unique.
Un gain de temps et une limitation des risques
L’AMO permet souvent au maître d’ouvrage de gagner un temps précieux. Il peut s’occuper de l’ensemble des tâches chronophages, telles que l’analyse des devis, le suivi des travaux ou la résolution de conflits, à la place du donneur d’ordres.
En outre, le contrat de prestation de services conclu entre les deux parties permet de définir le champ d’intervention de l’AMO. Cela signifie que le maître d’ouvrage peut choisir librement les opérations qu’il souhaite conserver en interne et celles qu’il ne souhaite pas prendre en charge, que celles-ci soient administratives, financières ou techniques.
Enfin, l’expertise de l’AMO permet au maître d’ouvrage de limiter les risques et de prendre des décisions pertinentes au bon moment. Les erreurs et les modifications en cours de chantier coûtent souvent énormément de temps et d’argent.
Un budget contrôlé en limitant les coûts
Bien que le recrutement d’un tiers externe pour réaliser l’assistance à maîtrise d’ouvrage représente un coût supplémentaire pour le maître d’ouvrage, le retour sur investissement est très souvent positif.
L’AMO dispose des compétences nécessaires pour établir une enveloppe financière prévisionnelle juste. De plus, étant indépendant de la maitrise d’œuvre et des entreprises, il est capable de conseiller le maître d’ouvrage afin d’utiliser le budget convenu le plus intelligemment possible en maîtrisant tous les coûts. Lequel budget est alors contrôlé et maîtrisé du début à la fin du projet.
L’une des principales missions de l’AMO est l’élaboration et le contrôle du planning de chantier. Il veille à ce que celui-ci soit respecté afin d’éviter des retards qui peuvent générer des surcoûts importants.
La garantie de respecter les réglementations en vigueur
Le secteur de la construction est de plus en plus réglementé. Les maîtres d’ouvrage qui maîtrisent toutes les normes et les obligations à respecter sont (très !) peu nombreux.
Le recours à un AMO leur permet de couvrir leurs arrières et d’avoir la certitude de respecter les réglementations en vigueur. Charge à leur AMO de trouver et gérer les ressources nécessaires.
Les différents types d’AMO
Plusieurs types d’AMO existent selon les opérations à réaliser dans un projet immobilier.
L’AMO technique
Il intervient généralement dès le début du projet en conduisant les études de faisabilité (d’implantation, géotechniques, environnementales, etc.).
Il peut également intervenir après l’achèvement des travaux pour conseiller le maître d’ouvrage sur l’exploitation et la maintenance de l’ouvrage.
Il lui apporte un accompagnement technique avancé et lui permet d’avoir un avis indépendant sur le travail réalisé par le maître d’œuvre et les entreprises.

L’AMO financier
Il se concentre davantage sur toutes les opérations qui concernent de près ou de loin le budget (plan de financement, enveloppe prévisionnelle, suivi des coûts, recherches d’économies, etc.).
De nombreux maîtres d’ouvrage font appel à un AMO financier afin d’assurer la vérification de la fiabilité des enveloppes prévisionnelles présentées par le maître d’œuvre. Cette fonction est souvent réalisée par un économiste de la construction (ou quantity surveyor).
L’AMO BIM
Le BIM est un processus de création et de gestion de l’ensemble des informations relatives à un projet IMMOBILIER. L’objectif de l’approche BIM est d’optimiser la collaboration de toutes les parties prenantes du projet afin de réduire les coûts et de respecter les délais. L’AMO BIM a pour mission principale de vérifier que le projet de construction respecte les exigences BIM et toutes les obligations de traçabilité liées.
L’AMO environnement et énergies
Comme son nom l’indique, il se concentre sur l’aspect environnemental pendant toutes les étapes du projet.
Il peut aussi, par exemple, réaliser l’audit énergétique d’un bâtiment existant, fixer des objectifs contractuels en matière de performances énergétiques et/ou optimiser la future exploitation de l’ouvrage, voire sa labellisation.
Ne pas ou mal choisir un AMO a-t-il des inconvénients ?
Pour le maitre d’ouvrage, le non-choix ou le mauvais choix d’un AMO peut présenter quelques inconvénients potentiels, tels que :
- Des compétences techniques qui vont lui manquer : Si la maîtrise d’ouvrage ne possède pas les compétences requises dans un domaine spécifique, l’AMO doit impérativement disposer de celles-ci et le maître d’ouvrage doit s’en assurer avant de le choisir.
- Le temps alloué au contrôle est mal calibré : Si ce temps de conseil est mal dimensionné, ou les compétences affectées par l’AMO sont mal positionnées durant le déroulement du projet, le maître d’ouvrage devra consacrer du temps supplémentaire à le piloter.
- La ressource en expertises spécifiques est insuffisante : Si l’AMO est incapable de fournir celles-ci au moment du projet où elles sont indispensables à son bon déroulement, le maître d’ouvrage devra trouver d’autres ressources, souvent dans l’urgence.
Alors, faut-il choisir un architecte plutôt qu’un AMO ?
Comme indiqué en début d’exposé, il est important de bien comprendre les rôles.
Avant d’évoquer les risques, il est essentiel de rappeler de bien différencier les rôles de l’architecte et de l’AMO :
- L’architecte est un concepteur. Il est chargé de créer des plans, de définir les matériaux, et d’assurer la cohérence esthétique du projet en créant son geste architectural.
- L’AMO est un conseiller. Il accompagne le maître d’ouvrage (le seul qui porte le projet) dans toutes les phases de celui-ci, de la conception à la réception des travaux, voire au-delà. Il joue un rôle de coordinateur et de garant permanent des intérêts du maître d’ouvrage, et ceci en toute indépendance du concepteur et des réalisateurs (maitrise d’œuvre et entreprises).
Quels risques si le maitre d’ouvrage décide de ne pas prendre d’AMO ?
Si le maître d’ouvrage choisi de travailler uniquement avec un architecte, il pourrait s’exposer à plusieurs risques :
- Le manque de suivi : Comme déjà dit et répété ci-avant, l’architecte est avant tout un concepteur. Il ne sera pas forcément en mesure d’assurer un suivi de chantier aussi rigoureux qu’un AMO, son équipe pourrait ne pas être dimensionnée en ce sens. Le maître d’ouvrage pourrait donc se retrouver confronté à des imprévus, des arbitrages compliqués, des retards ou des dépassements de budget.
- La difficulté de gérer les entrepreneurs : L’architecte va coordonner les différents corps de métier, mais, étant aussi partie prenante, il n’a pas les mêmes pouvoirs qu’un AMO pour faire appliquer les contrats et le respect des délais. Dans ce cas, le maitre d’ouvrage pourrait avoir des difficultés à gérer les relations avec les entreprises.
- Moins de garantie de respect du budget : Sans un suivi rigoureux et permanent, il est plus difficile pour le maître d’ouvrage de maîtriser les coûts. Le risque de voir son budget initial exploser est significatif, voire devenir insupportable.
- La complexité des démarches administratives : Les démarches administratives liées à un projet, tant en construction qu’en rénovation, sont nombreuses et complexes. Un AMO accompagne le maître d’ouvrage dans ces démarches pour éviter des erreurs coûteuses et des retards préjudiciables.
En résumé
Dans de nombreux projets, l’architecte et l’AMO travaillent en étroite collaboration pour le donneur d’ordres afin de lui garantir un résultat optimal.
Si en tant de maître d’ouvrage avisé, public ou privé, vous souhaitez vous assurer que votre projet immobilier se déroule dans les meilleures conditions, il est préférable – particulièrement si celui-ci est complexe et coûteux – de faire appel à un architecte et à un AMO. L’architecte se chargera de la conception et l’AMO assurera en toute transparence un suivi rigoureux et défendra vos intérêts tout au long du chantier.